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En réponse à :

L’ADMD et le ridicule

, par xav

>D’abord en disant que vous avez totalement raison. Il existe des gens qui décident simplement de prendre congé de la vie, et qui ne sont pas plus déprimés que vous ou moi. Ils décident lucidement qu’ils ne veulent plus vivre. Je sais que l’immense majorité des psychologues nous dit le contraire, et qu’il est toujours pathologique de désirer sa mort. Je ne suis pas d’accord. Enfin, après tout c’est une question de définition : si on dit que le désir de mort est pathologique, alors c’est réglé. Reste simplement à se souvenir que c’est ce qu’on a dit de l’homosexualité : si je décide que c’est une maladie...

on est dans une affaire de définition en effet. Qu’est-ce qui est pathologique ? On pourrait simplifier en disant que c’est tout ce qui s’oppose à l’homéostasie. Mais ce n’est qu’ un point de vue hygiéniste ! Car si vous prenez excessivement de bains de soleil sans protection, il est tout à fait "normal" que le corps fera probablement un jour un mélanome non ? C’est juste une réaction "normale" de la peau face aux UV. Le mot pathologique est finalement une invention humaine, au fond. Et en effet, pourquoi parler de pathologie dans le cas de certains suicides, c’est encore un point de vue hygiéniste : "on ne doit pas se suicider, il faut favoriser la vie, se suicider est par conséquent pathologique", selon les psys. Mais pourquoi quelqu’un qui n’a pas envie de vivre serait-il un cas pathologique ? La vie est âpre. C’est indiscutable, pour certains. Elle est injuste, pour certains, c’est tout aussi indiscutable. Parler de cas "pathologiques", c’est une façon de résoudre à peu de frais les erreurs de la société qui délaisse les pauvres, favorise la réussite des meilleurs, etc : il se suicide, boh il est dans la merde mais c’est pas la cause, il est juste un cas pathologique ;-)

>Ce droit ne va pas de soi. Philosophiquement on peut soutenir que l’homme est un animal social, et qu’il n’est pas aussi libre qu’il le croit de disposer de sa vie. J’ai des comptes à rendre à qui m’entoure. C’est ma position personnelle, mais je comprends qu’on en ait une autre (je demande simplement si on ne commence pas à en avoir marre des dégâts de l’individualisme).

c’est je crois le seul point de désaccord, car je comprends votre point de vue, mais je suis plus pessimiste. L’être humain a-t-il des comptes à rendre ? je n’en sais rien. Ca me semble procéder d’une réflexion "chrétienne" qui favorise le don de soi, l’altruisme.

>La question devient : faut-il faciliter l’exercice du droit au suicide ? Et là, franchement, je ne crois pas.
Le médecin, lui, ne peut guère y participer. Tout simplement à cause de la dépression. La position des médecins est que tout malade suicidaire est un déprimé. Cette position est fausse, mais si je m’avise de la nuancer, je vais me trouver radicalement hors d’état de prendre en charge un déprimé. La sécurité est donc que le médecin garde cette équivalence inexacte entre suicide et dépression. Et si le sujet se fait expertiser ? Je n’y crois pas une seconde, tant est difficile le diagnostic de dépression.

totalement d’accord

>Cela dit on pourrait parfaitement imaginer que la République décide de reconnaître le droit au suicide ; on pourrait alors voter une loi aux termes de laquelle tout citoyen pourrait recourir à un collège de spécialistes chargé d’attester que sa demande n’est pas liée à une souffrance physique ou psychique nécessitant des soins. Muni de cette attestation le sujet pourrait se procurer les drogues adéquates.
C’est envisageable. Pour ma part je serais farouchement contre, car je crois qu’une société qui en viendrait là scellerait son propre suicide.

je partage votre avis. Je ne crois pas que favoriser l’accès au suicide soit une bonne chose, car inévitablement il mettrait des moyens à disposition de gens qui, comme je le disais, sont "hors-service" au niveau du discernement (déprimés graves, etc).
Il est très bien qu’aucun livre favorisant le suicide ne soit à disposition des gens.

> Alors que moi qui n’envisage nullement de me suicider, je sais parfaitement comment je ferais. Avec des produits en vente libre dans toutes les pharmacies.

bien sûr, un antidouleur bien connu par exemple. Mais quelques litres d’eau du robinet peuvent faire l’affaire ; cela dit c’est sans doute plus inconfortable.

>Je crois donc qu’il est bien plus sage de traiter le problème en se gardant tout simplement de faciliter les choses. Si on les facilite, alors on a toute chance de pousser au suicide des gens qui n’y auraient pas recouru.

exact

>Et moi je peux comprendre que l’autre veuille mourir. Je peux même me dire parfois que c’est la meilleure chose qui puisse lui arriver. Mais cautionner, c’est autre chose, et ça, jamais.

vous avez raison, et c’est un point de vue rempli d’humilité : qui serait un médecin, pour se permettre de juger et conseiller à quelqu’un d’en finir ?

cordialement
xav

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