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En réponse à :

Arrêt de l’hydratation ?

, par Michel

Bonsoir, Nicolas.

Pas facile de vous répondre. Vos souvenirs sont là, et il serait vain de vouloir discerner ce qui procède de la souffrance du malade telle qu’elle vous est apparue, ce qui procède de votre souffrance, ce qui procède d’une erreur d’interprétation quant à ce que vous voyiez. Je me demande souvent si le tri est faisable, et même s’il est pertinent : il y a quelque chose de collectif dans la mort. Ce sont des personnes qui souffrent, mais c’est tout autant un groupe ; il y a là un abîme à explorer, nous n’avons fait encore que l’effleurer. Ce que je note en tout cas, c’est qu’il y a encore à parler sur ce que vous avez vécu.

Sur la question de l’hydratation, il est exact qu’elle est un peu délicate. Ce que nous savons, c’est qu’une déshydratation modérée est plutôt une source de confort, et cela pour de multiples raisons. Nous savons aussi que la sensation de soif naît dans la bouche, et qu’un malade dont la bouche est correctement hydratée n’a pas de sensation de soif. Là où les choses se compliquent, c’est que les soins de bouche ne sont pas si simples à réaliser, et qu’il faut trouver l’équilibre entre le degré de déshydratation qui est souhaitable et celui qui va compromettre l’état buccal.

Sur les situations que vous avez vécues, je ne peux évidemment rien dire, je ne les ai pas vues. Mais là aussi, ce que vous dites c’est que vous restez avec beaucoup de questions. Avez-vous réussi à en parler avec les professionnels qui ont soigné vos proches ? Que vous ont-ils dit ?

Vous savez, personne d’entre nous n’est jamais mort. Ce que nous disons sur la mort ne peut donc être assuré. Et il en ira toujours ainsi. Par contre nous avons des connaissances sur la souffrance, notamment parce que nous avons vu des situations similaires qui ne se terminaient pas par un décès, de sorte que les malades pouvaient témoigner. Mais nous buterons toujours sur le mur du trépas. Que faire, alors, sinon nous en tenir à ce qui est plausible ?

En ce sens il serait impossible, presque déshonnête, de chercher à vous rassurer. Sur les symptômes que vous avez observés, je ne suis pas très inquiet : ce sont des symptômes peu gênants pour le malade, pour autant qu’on puisse le dire. Mais dans vos questions il y a sans doute autre chose, qui me semble d’ordre spirituel : la mort est incompréhensible, et ça c’est une souffrance.

Bien à vous,

M.C.

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