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En réponse à :

Alzheimer : le grand leurre ?

, par Dom

L’avenir tranchera, comme toujours, sur cette vraie ou fausse « épidémie d’Alzheimer ».

Il y a, comme vous le remarquez, des précédents, la chlorose des jeunes filles ou encore, plus près de nous, la neurasthénie (massivement diagnostiquée jusque dans les années 1950 et dont on n’entend plus parler). On pourrait aussi évoquer, avec prudence, la maladie de Lyme, les diverses allergies et intolérances (au gluten ou au lactose, par exemple), et toutes sortes de maux modernes et mystérieux susceptibles d’expliquer « pourquoi on ne va pas bien ».

Car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : « nommer » nos maux. Comme si le fait de les nommer créait le pouvoir de les guérir. Nommer pour maîtriser : n’est-ce pas ce que suggère la Genèse, lorsque Dieu donne à l’Homme la tâche (le privilège ? le pouvoir ?) de nommer toutes les choses du monde qu’il a créé ?

La maladie nous laisse avec l’immense détresse de l’impuissance. Je me souviens que ma mère, lorsqu’elle a commencé à sentir qu’elle perdait la mémoire, me disait parfois, par dérision : « Je deviens zaza » - c’est le mot qu’elle et mon père avaient inventé pour moquer le « battage médiatique » qui était en train de se former autour d’Alzheimer. A quoi je lui répondais en forçant l’humour noir : « Mais non, c’est juste de la démence sénile », comme si cet échange grinçant et faussement rigolard, dont nous voulions toutes deux être dupes, avait eu le pouvoir de conjurer les faits : ma mère perdait la tête...

J’ajouterais qu’ « inventer » des maladies a toujours été un pactole pour les professionnels de la santé (médecins, mais peut-être surtout industrie pharmaceutique) : une personne malade est par définition en état de faiblesse (et ses proches aussi, par voie de conséquence). Il est donc normal qu’ils se raccrochent à tous les espoirs. Ceux qui peuvent « nommer » leurs maux seront donc toujours crédités d’une autorité qui « emportera le marché », pour parler en langage commercial.

Et pour être complet, il faudrait enfin remarquer que l’on ne peut pas raisonner en ces matières avec la seule brutalité des statistiques : on le voit chaque fois qu’un médicament est écarté du remboursement pour cause d’inefficacité statistique. A partir de quel seuil un soin est-il statistiquement efficace ? S’il n’aide, même très peu, que 20% des malades, et même seulement un seul, qui, concerné, acceptera qu’on y renonce ?

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