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En réponse à :

Le sentiment de culpabilité

, par Michel

Bonjour, LH.

C’est une question compliquée.

Juridiquement, rien n’est plus clair : quelle que soit sa situation, c’est la personne qui choisit son lieu de résidence. D’ailleurs il n’y a que deux endroits où on peut mettre quelqu’un contre sa volonté : les prisons et les hôpitaux psychiatriques, encore cela se fait-il moyennant l’intervention de la Justice. Tout le reste relève de la séquestration arbitraire.

Et on voit immédiatement que ce n’est ni appliqué ni applicable.

Quand on met un patient dément en unité fermée, on est hors la loi. Il le faut pourtant (même si, en ce qui me concerne, j’ai tenu à ce que mon unité de déments ne soit pas fermée ; cela nous a valu quelques sueurs froides, il a fallu aller rechercher des malades dans la nature, mais nous n’avons jamais perdu personne). Ce qui manque c’est le nécessaire cadre juridique qui permettrait d’enfermer les déments, et je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas fait.

Il y a des gens qui s’accrochent à un projet de vie qui n’est pas réaliste ; c’est le cas par exemple de cette vieille dame qui veut absolument rester chez elle, et qui certes le peut, mais à condition que les pompiers viennent la ramasser quatre fois par jour. Il faut alors prendre la main, et juridiquement ce n’est pas possible. Il manque là aussi un cadre :
- Quand je lis que la personne sous tutelle choisit son lieu de résidence, je hurle : si elle était capable de choisir son lieu de résidence on n’aurait pas eu besoin de la mettre sous tutelle.
- Ce qui manque au contraire c’est un statut juridique qui permettrait, précisément, d’imposer à la personne son lieu de résidence sans qu’il soit besoin de prendre une mesure aussi lourde que la tutelle.

Dans la pratique c’est la personne protégée qui choisit son lieu de résidence, mais comme c’est le tuteur qui paie le loyer c’est lui qui a le dernier mot.

On ne peut pas continuer ainsi.

En ce qui vous concerne, donc :
- La première chose à faire est de se demander, non si votre père veut être chez lui, mais s’il le peut, et avec quels risques assumés. Il ne faut surtout pas aller au conflit avec vos proches pour imposer une solution ingérable.
- Il faut ensuite créer un espace de négociation. Je crois qu’on ne constitue pas suffisamment de conseils de famille.
- Il faut envisager une mise sous tutelle : même si le malade sous tutelle continue à décider de son lieu de résidence, cela permet l’intervention du Juge. Cela dit il faudra encore que l’expert qui sera commis juge, et cela ne me semble pas certain dans votre cas, que la tutelle est nécessaire.

Le reste vous échappe. Simplement, si votre père doit rester chez lui il faut encore se demander qui de vous a les moyens de se charger d’une surveillance minimale. Je crois que le plus difficile sera de vous entendre sur les risques que votre famille décidera d’accepter, en termes de sécurité de l’environnement, et bien entendu en termes de risques liés à une éventuelle désorientation ; mais sur ce point il existe maintenant des dispositifs de localisation qui permettent de les réduire massivement.

Bien à vous,

M.C.

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