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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonsoir, Mélanie.

Votre récit est malheureusement très classique : un sujet qui jusque là ne se plaignait de rien commence à aller mal ; les médecins font leur travail, mais ils vont aux hypothèses les plus simples, les plus logiques. Sur ce que vous décrivez, j’aurais fait comme eux : parler d’un problème de foie (surtout s’il y a des raisons), puis de cœur, puis de rein. J’aurais mis le même temps à me dire qu’il y a quelque chose qui cloche, et même à ce moment je n’aurais sans doute pas pensé à l’amylose : les maladies rares… ne sont pas fréquentes. C’est ainsi que le diagnostic erre, et qu’on perd du temps. Me serais-je inquiété plus vite ? Peut-être ; les médecins sont ainsi faits qu’ils ont eux aussi besoin de sa rassurer, et qu’il leur arrive de ne pas vouloir voir l’évidence ; je le sais, cela m’est arrivé.

Et ce n’est pas fini, car une fois le diagnostic suspecté il faut le confirmer, puis se faire une idée du pronostic. Ces oscillations entre l’espoir et le désespoir sont caractéristiques de ce type de situation, et les médecins ont eu les mêmes : le pronostic est probablement la chose la plus difficile qui soit, et il y a autant de pessimistes démentis que d’optimistes qui se trompent ; chez les médecins comme chez les malades. Il se peut que votre père n’ait pas été écouté, mais il ne faut pas oublier que le plus souvent les malades qui se croient en train de mourir ne font que dire une angoisse, et que, Dieu merci, ils vont beaucoup mieux qu’ils ne pensent.

Je comprends bien ce que vous dites : J’aurais tellement aimé être croyante pour accepter plus facilement le trépas et me dire : de toute façon on se retrouvera ; mais je ne pense pas que cela puisse aider vraiment : pour ma part je suis croyant, et ce n’est pas cela qui m’aide. Le seul secours que je connaisse est celui d’Épicure : tant qu’on est vivant la mort n’est pas là, quand la mort est là on n’est plus vivant, donc la mort n’est rien pour le vivant. Ce qui se passe après ne m’intéresse pas, je crois simplement qu’il y a une puissance qui s’en occupe, mais c’est son affaire, pas la mienne.

Je note enfin ce que vous dites sur l’incinération. C’est très important, et je crois que vous n’êtes pas la seule à ressentir cela. La crémation, à laquelle je suis favorable, est pour nous une pratique récente, et je crois que nous avons oublié d’y réfléchir comme il convenait.

Je souhaite que votre deuil se poursuive en paix.

Bien à vous,

M.C.

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