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En réponse à :

Arrêt de l’hydratation ?

, par Nicolas

Bonjour,

Après en avoir été longtemps préservé, j’ai vécu dans un laps de temps relativement court plusieurs décès de personnes (très) proches, parfois avec un sentiment d’injustice profond. Mais autant le spectacle d’une personne aimée et agonisante est réellement insupportable à vivre, autant - heureusement - on parvient à surmonter le choc avec le temps. Même si les témoignages lus sous votre article résonnent douloureusement en moi. Ces instants d’impuissance totale, ces derniers fragments de vie auxquels on asssiste dans rien pouvoir faire... Et ces râles finaux qu’on oubliera jamais. Il faut apprendre à vivre avec leur souvenir.

Je me permets seulement de vous écrire, par rapport à une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse dans votre texte et qui me "hante" encore parfois : pourquoi cesse-t-on d’hydrater les patients "condamnés" alors qu’il leur reste, parfois, encore des jours à vivre ? J’ai vu des proches agonisants mais complètement déshydratés, la bouche, la langue sèches, en ayant parfois réellement l’impression qu’ils souffraient de la soif. (L’impression, seulement, car ces proches ne parlaient plus, même s’ils semblaient conserver un minimum de conscience : l’un restait réceptif aux caresses, cherchant de sa main le contact, l’autre semblant vouloir me dire quelque chose, le visage semblant dévoré de souffrance, la bouge s’apprêtant à articulier des syllabes, qui s’évanouissaient en soupirs)

A chaque fois que je demandais à l’équipe soignante si ces proches ne pouvaient pas bénéficier d’un peu d’eau, ou d’une perfusion de liquide, on me répondait par la négative : "Ne vous inquiétez pas, s’il lui faut de l’eau à un moment ou l’autre, nous le saurons". J’avoue que, dans ces cas-là, un peu centré sur une intense tristesse, je n’ai jamais demandé pourquoi. Et puis, j’estime qu’une équipe en soins palliatifs sait ce qu’elle fait. Qui suis-je, moi qui ne connais que très peu la fin de vie, pour remettre leur expérience en cause... N’empêche : si l’objectif premier des soins palliatifs est d’accompagner le patient dans sa fin de vie, afin que celle-ci lui soit la moins inconfortable/douloureuse possible, pourquoi cesser l’hydratation ? La soif n’est elle pas une souffance ? Y a-t-il un intérêt médical à stopper l’hydratation ?

On m’a dit que la déshydratation pouvait, quelque part, diminuer la douleur, mais est-ce le cas ? Ou était-ce pour abréger les souffrances et réduire la durée de la fin de vie ?

Edit : je n’avais pas lu tous les commentaires, désolé, il y en a un où vous dites que les patients ne se rendent plus compte qu’ils ont soif. Mais comment peut-on le déterminer, en être sûr ? J’ai le souvenir de bâtonnets humectants pour la bouche employés en soins palliatifs, n’est ce pas signe que le sentiment de soif est là, et à l’origine d’incofort ? Surtout que, dans les personnes dont je fais mention, l’une n’était pas très âgée (54 ans) et devait peut-être sentir davantage la soif que les seniors décédés durant la canicule de 2004 ?

Désolé, je me rends compte avoir lâché une salve de points d’interrogation. C’est que ces instants si désagréablement intenses, je crois, seront toujours associés à des interrogations. ("Et si on avait fait comme ceci, comme cela..."). Cela reste difficile de ne pas savoir quel était l’état de souffrance/conscience des proches sur la fin. De ne pas savoir s’ils ont entendu des déclarations d’affection qui ont parfois trop tardé.

Merci pour vos textes, qui m’en ont beaucoup appris sur ces moments particuliers.

Nicolas

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