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En réponse à :

La confusion mentale

, par Michel

Bonsoir, Lara.

Je comprends ce qui vous gêne.

Mais il est très intéressant que vous parliez d’éthique, car c’est une excellente manière de poser le problème.

On engage une démarche éthique quand on se trouve face à un problème qui n’a pas de solution. Car s’il en a une, alors ce n’est plus une question éthique mais une question technique. La première chose à garder à l’esprit est celle-là : le problème n’a pas de solution, ce qui implique que la solution qu’on trouvera sera mauvaise ; il s’agit de savoir si elle est la moins mauvaise possible.

Dans les exemples que vous prenez, il s’agit d’une personne :
- Qui est en souffrance.
- Dont la souffrance pourrait être apaisée à peu de frais.
- Qui n’a pas les moyens de prendre des décisions adaptées à la situation.

Démente ou pas, elle a droit au respect de son corps et de sa liberté. Mais vous avez de solides raisons de penser qu’elle va faire un mauvais usage de sa liberté. Vous pensez aussi que pour être libre il faut avoir les moyens d’exercer sa liberté ; il en faut notamment des moyens intellectuels. Et vous faites bien de conclure qu’il est éthiquement acceptable de passer en force, parce que vous n’avez en vue que le bien de la personne et que vous pouvez aisément prédire que vous arriverez aisément à lui procurer ce bien.

Maintenant se pose le problème bénéfice/risque. Car on peut prédire que votre toucher rectal sera vécu comme très agressif, et comme un traumatisme intolérable. Il faut peser le pour et le contre.

J’aurais tendance à penser qu’il ne faut pas surestimer les conséquences négatives du geste ; le dément est sensible à beaucoup de choses, et notamment à votre bienveillance.

Mais le toucher rectal est-il nécessaire ? Je me souviens qu’au fil des années j’en ai pratiqué de moins en moins. Il y a tout de même peu de situations où on ne peut pas s’en passer.
- J’accorde une grande importance à la radiographie d’abdomen sans préparation, qui permet de détecter la quasi totalité des fécalomes.
- Je ne serais pas choqué qu’on pratique le toucher rectal sous couverture d’une sédation, qu’il s’agisse d’une petite dose de midazolam ou d’une inhalation de protoxyde d’azote. Ce sera agressif mais on évitera la connotation sexuelle
- Après, il faut savoir ce qu’on va faire. S’il y a un fécalome rectal le plus probable est qu’on aura besoin d’un lavement, ce qui repose le problème de l’agression sexuelle. A moins qu’on ne s’en tire par des médicaments, j’ai eu de très beaux succès en utilisant certaines drogues utilisées en préparation de coloscopies (mais plutôt pour des fécalomes haut situés). Si vous devez recourir à un lavement, la question de la sédation sera posée de la même manière.

Bien à vous,

M.C.

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