Poster un message

En réponse à :

Le sentiment de culpabilité

, par Michel

Bonjour, Michèle.

Vous venez de lire mon texte sur le sentiment de culpabilité. Dans ce texte j’essaie d’expliquer le mécanisme de la culpabilité, et les raisons pour lesquelles il faut le remettre à sa juste place. Mais je ne suis pas dupe : je sais parfaitement qu’il ne suffit pas d’expliquer un problème pour le faire disparaître. La culpabilité, il faut la vivre, et la vivre le temps qu’il faut, temps qui dépend de chaque personne. Tout ce que je peux espérer de cette lecture, c’est que dans un coin de votre tête il reste l’idée que cette culpabilité est une illusion, et une illusion bénéfique, dont l’énigmatique fonction est de vous aider à parcourir le long chemin du deuil.

Je peux seulement ajouter quatre choses :
- La longue durée de l’épreuve que vous avez traversée avec votre mari ne peut que rendre votre séparation plus douloureuse, et le deuil plus intense. Par contre cela permet d’augurer une sortie de deuil très apaisée, en raison du sentiment, dont vous pouvez être fière, d’un devoir accompli, même si vous avez l’impression erronée d’avoir raté la dernière marche.
- Votre mari est parti sans vous. Je n’adhère qu’avec prudence à ce qui se dit souvent dans le milieu des soins palliatifs : il y aurait des malades qui attendent pour mourir que tous leurs proches soient là, il y en aurait d’autres qui attendent d’être seuls. Je suis prudent car cela ne laisse pas beaucoup de place au hasard ; je crois que nous avons trop besoin de trouver du sens à ce qui n’en a peut-être pas ; mais c’est quand les choses nous sont douloureuses que nous avons besoin de leur trouver, ou de leur imaginer un sens. Laissons cela : comme tous les praticiens de soins palliatifs j’ai vécu des exemples très troublants, et si je n’affirmerais pas que tel ou tel malade a choisi de mourir seul, ou entouré, je suis prêt à le croire.
- Ce que nous avons à faire quand notre proche meurt, c’est l’accepter. Et accepter la mort de l’autre, c’est accepter la séparation. Accepter la séparation, c’est accepter que les choses nous échappent, c’est accepter de ne pas contrôler ce qui se passe, c’est donc accepter que l’être cher suive un chemin sur lequel, éventuellement, nous ne pourrons pas le suivre autant que nous voudrions.
- Enfin, et c’est très difficile à tous points de vue, il faut faire la part de ce que nous avons besoin de croire et de ce qui se passe réellement. Et la réalité, c’est que le décès d’un malade est toujours précédé d’une forme de coma, période dans laquelle il est douteux que le patient soit suffisamment conscient pour éprouver des souffrances intenses. Je le dis avec d’autant plus de vraisemblance que le décès a eu lieu en Unité de Soins Palliatifs, et que même là l’équipe s’est laissé surprendre. L’hypothèse la plus probable est qu’elle a vu votre mari s’endormir normalement ; elle n’était pas inquiète car il s’agissait d’un séjour de répit. Et il s’est enfoncé tout paisiblement, passant presque insensiblement du sommeil au coma, puis du coma au décès.

Je crois que vous avez très bien rempli votre rôle.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.