Une loi sur l'euthanasie - commentaires Merci pour site trés riche 2012-01-06T07:42:17Z http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article76#comment8323 2012-01-06T07:42:17Z <p>Bonjour, et merci de votre message.</p> <p>Si vous permettez je vais simplement préciser mon point de vue avec quelques commentaires sur vos propres propos.</p> <p><i>je travaille en Polynésie où la Loi Léonetti n'est pas applicable sur le territoire.</i></p> <p>Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous entendez par là. <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Je n'ai pas trouvé dans le <a href="http://admi.net/jo/20050423/SANX0407815L.html" class="spip_out" rel='nofollow external'>texte de la loi</a> une clause territoriale, qui serait d'ailleurs bien incongrue s'agissant d'un tel texte. <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La loi Léonetti est une loi procédurale ; même donc si une clause territoriale existait, il serait toujours loisible à qui le désire de s'en approprier les principes : par exemple, et pour ce qui me concerne, j'ai appliqué les directives anticipées dès 2001, sans attendre qu'une loi m'y autorise. <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Si vous voulez dire par là que les moyens de l'application de la loi ne sont pas présents en Polynésie, alors je vous comprends mieux, et c'est un scandale. Mais la réponse à ce scandale ne peut être une loi sur l'euthanasie, n'est-ce pas ? Par contre vous trouverez dans l'article <a href="http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article93" class="spip_out" rel='nofollow external'><i>Un débat avec un partisan de l'euthanasie</i></a> une prise de position personnelle très claire : si je me trouvais dans une situation où je n'aurais pas les moyens de pratiquer des soins palliatifs de qualité, alors, et tout en luttant pour obtenir ces moyens, je consentirais sans hésiter aux euthanasies qui me sembleraient opportunes.</p> <p><i>Je remarque une chose en vous relisant c'est que la richesse incontestable de votre argumentaire a un côté Thomiste un peu en dehors du réel.</i></p> <p>Pardonnez-moi, mais le réel je suis en plein dedans. Ce réel aura été ma vie pendant plus de quinze ans... Et mon argumentaire est le fruit immédiat de ma pratique de terrain. Cela dit, un mot sur Thomas d'Aquin : d'un côté je vous accorde qu'à appliquer une logique rigoureuse à des sujets qui ne s'y prêtent pas le Docteur Angélique s'est tiré plus d'une balle dans le pied ; de l'autre il me semble que cette exigence de rigueur est tout sauf négligeable. En ce qui me concerne ce n'est pas ce que je crois faire ; j'essaie simplement de mettre un peu de logique là où il n'y en a guère.</p> <p><i>La possibilité d'interrompre une Vie qui ne l'a pas demandé par IVG est accordée par la Loi Veil depuis longtemps dans notre Société. </i></p> <p>Je n'ai guère de souci avec la loi Veil (avec ses dérives, si, mais ce n'est pas le sujet) ; mais la loi Veil n'a rien à voir avec l'euthanasie : si l'avortement est possible c'est parce que la vie <i>humaine </i> ne commence pas dès la conception.</p> <p><i>Ce que je veux dire est qu'un certain paradigme a déjà disparu sous nos yeux qu'on l'accepte ou pas... L'être humain et la Vie ne sont plus une valeur absolue en soi dans notre société post-Chrétienne c'est un fait.</i></p> <p>Voilà une phrase bien dangereuse : que l'être humain et la vie ne soient plus une valeur absolue en soi dans notre société post-chrétienne, c'est totalement exact ; que l'être humain et la vie ne soient plus une valeur absolue en soi en est une autre, et ce n'est pas parce que notre monde dit n'importe quoi sur de multiples sujets qu'il faut dire n'importe quoi avec lui. Mais laissons cela : j'ai écrit ailleurs que je n'ai aucun respect particulier pour la vie ; ou plutôt je n'ai comme respect de la vie que le même que vous : la vie est <i>sacrée</i>, ce qui veut dire qu'on n'en fait pas n'importe quoi ; il y a les choses profanes, dont je fais ce que je veux comme je veux, et il y a le sacré, que je ne peux manipuler qu'avec précaution. Je suppose que pour vous aussi la vie nécessite quelques précautions, n'est-ce pas ? Respecter la vie, ce n'est pas la maintenir à n'importe quel prix, c'est simplement savoir qu'on rendra compte de ce qu'on en a fait.</p> <p><i>Je suis contre l'euthanasie des gens qui y sont opposés et pour celle de ceux qui l'ont demandé préventivement, ou dont la famille le demande dans une situation irréversible constatée. </i></p> <p>Vous me surprenez : vous citez trois situations : <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Celle des malades qui n'ont rien demandé. <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Celles des malades qui ont demandé l'euthanasie et ne la demandent plus parce qu'ils ne peuvent plus. <br /><img src='http://www.michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Celles des familles qui demandent l'euthanasie.</p> <p>Et vous oubliez de citer la seule qui vaudrait : celle du malade qui demande l'euthanasie et qui persiste à la demander...</p> <p>Pardonnez-moi, mais je trouve cet oubli très significatif : il montre que ces situations sont tellement rares qu'on oublie d'en parler, voire qu'elles n'existent que dans l'imaginaire.</p> <p><i>Il ne me viendrait pas à l'idée de suggérer à un être humain le suicide assisté . Mais je ne m'opposerai pas à une demande consciente réitérée de sa part.</i></p> <p>Mais... Je ne m'y opposerais pas davantage ! Comment ferais-je, d'ailleurs, pour m'y opposer ? Par contre il demeure que je refuserai d'y participer ; à qui exprime son désir de mettre fin à ses jours je demanderai de me persuader de la solidité de son désir en procédant lui-même aux quelques recherches simplissimes qui lui permettront de trouver les moyens de réaliser son vœu. En effet, soit il est encore en état de faire ces recherches, et alors le fait qu'il ne le fasse pas doit m'inciter à la prudence ; soit il n'est plus en état et je dois m'interroger sur sa capacité à prendre une décision "libre, lucide, réitérée". Je suis surpris de n'avoir <i>jamais </i> rencontré un partisan de l'euthanasie qui se soit seulement posé la question de savoir comment il ferait pour lui-même.</p> <p><i>D'autant plus qu'on a constaté notamment en Suisse que les demandeurs d'aide au suicide une fois qu'ils ont obtenu l'accord des associations n'y ont recours que dans 20% des cas... Autrement dit le fait simplement de savoir qu'il peuvent rester maîtres de leur existence les dissuade d'y mettre fin ! </i></p> <p>Votre interprétation de la statistique me semble bien aventureuse. Pour ma part je n'en fais aucune, car je ne suis pas allé voir sur place. Mais je remarque simplement une chose : les demandeurs d'aide au suicide n'ont aucun besoin d'effectuer leur démarche pour savoir qu'elle est possible ; ils n'ont donc aucun besoin de le faire pour "rester maîtres de leur existence". Dans ces conditions, le fait que 80% de ces démarches ne vont pas à leur terme s'explique plus aisément par l'hypothèse qu'elles étaient mal posées ; et la question serait plutôt alors de se demander si dans les 20% de démarches qui aboutissent il n'y en a pas une proportion notable qui procèdent d'un mécanisme d'engrenage. Mais je n'en dis pas plus : comme je viens de l'écrire, il faut avoir été sur place.</p> <p><i>Il me semble que l'ADMD porte sur la question un regard bien moins caricatural que vous ne semblez le croire.</i></p> <p>Je ne demande qu'à le croire. Allons plus loin : je n'ai aucune raison de douter de la sincérité des militants. Mais ce que je pointe dans mes articles, ce sont des prises de position parfaitement claires de cette association. Ce que je pointe dans <a href="http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article86" class="spip_out" rel='nofollow external'>l'ADMD et le ridicule</a>, ce sont les propos parfaitement clairs de son Président. Je note que j'ai eu plusieurs débats avec des partisans de l'euthanasie, et qu'ils se sont tous enfuis au bout de deux ou trois échanges. Je note que personne ne s'est hasardé à me répondre sur les deux cas cités dans l'article ci-dessus. Mais si on le fait, si on me démontre que l'ADMD manie autre chose que des caricatures, j'en serai preneur, croyez-le bien.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Merci pour site trés riche 2012-01-05T21:25:05Z http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article76#comment8321 2012-01-05T21:25:05Z <p>Iaorana = Bonjour et Bonne année 2012 . <br class="autobr" /> D'abord merci pour ce site très riche et d'un niveau de pensée élevé.<br class="autobr" /> Je suis soignant et je travaille en Polynésie où la Loi Léoneti n'est pas applicable sur le territoire. J'ai travaillé et accompagné beaucoup de malades en dispensaires éloignés dans différents archipels excentrés .Je suis Catholique pratiquant occasionnel. Je suis favorable aux propositions de l'ADMD sur l'Euthanasie et le recours au suicide assisté. Je remarque une chose en vous relisant c'est que la richesse incontestable de votre argumentaire a un coté Thomiste un peu en dehors du réel. Oui j'aimerai comme vous qu'en chaque endroit du monde on puisse au crépuscule de sa vie, terminer sa Vie à l'hosto ou mieux chez soi , entouré des siens et soulagé totalement par des soignants compétents... Bon on sait ce qu'il en est !<br class="autobr" /> Il me semble qu'il faut aussi réintégrer à ce débat l'histoire longue. La possibilité d'interrompre une Vie qui ne l'a pas demandé par IVG est accordée par la Loi Weil depuis longtemps dans notre Société. Ce que je veux dire est qu'un certain paradigme a déja disparu sous nos yeux qu'on l'accepte ou pas... L'être humain et la Vie ne sont plus une valeur absolue en soi dans notre société post-Chrétienne c'est un fait. Ne pas confondre avec la théorie des droits de l'Hommisme qui est autre chose. <br class="autobr" /> Je suis contre l'euthanasie des gens qui y sont opposés et pour celle de ceux qui l'ont demandé préventivement, ou dont la famille le demande dans une situation irréversible constatée.<br class="autobr" /> Il ne me viendrait pas à l'idée de suggerer à un être humain le suicide assisté . Mais je ne m'opposerai pas à une demande consciente réitérée de sa part . D'autant plus qu'on a constaté notamment en Suisse que les demandeurs d'aide au suicide une fois qu'ils ont obtenu l'accord des associations n'y ont recours que dans 20% des cas... Autrement dit le fait simplement de savoir qu'il peuvent rester maître de leur existence les dissuade d'y mettre fin ! <br class="autobr" /> Il me semble que l'ADMD porte sur la question un regard bien moins caricatural que vous ne semblé le croire.J'ai mis ici ces quelques remarques générales car le "contact" de l'accueil ne marche pas !<br class="autobr" /> Cordialement Mr Le Calvez</p> OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie ! 2010-07-14T20:04:34Z http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article76#comment3335 2010-07-14T20:04:34Z <p>Bonjour, Eric, et merci de ce message.</p> <p>Je le partage presque totalement. Je n'aurais que quelques réserves et remarques, mais elles me sont très personnelles : il s'agit de réticences, non de prises de position.</p> <p>Vous soulignez d'entrée la chose la plus importante : il faut distinguer soigneusement l'aide au suicide et l'euthanasie.</p> <p>Débarrassons-nous d'abord d'un point : le catholique pratiquant que je suis affirme que la religion n'a pas grand-chose à dire sur le sujet. Tout ce que je dirais c'est que la vie est pour moi chose sacrée au sens ethnologique du terme : le profane est ce dont je fais ce que je veux, le sacré est ce dont je ne peux pas faire n'importe quoi : à ce qui est sacré je peux toucher, mais j'en rendrai compte ; ce à quoi je ne peux toucher, c'est le saint. La vie est sacrée : quand j'y touche, je dois dire pourquoi.</p> <p>Quand vous dites :</p> <p><i>dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui la retire.</i></p> <p>il me semble que vous introduisez une ambiguïté : il y a le suicide assisté, dans lequel c'est autrui qui, sur la demande du malade, met en œuvre les moyens de la mort, et il y a l'aide au suicide, dans laquelle autrui se contente de fournir au malade les moyens de cette mort. Et le suicide assisté me semble poser des problèmes identiques à ceux de l'euthanasie.</p> <p>Ce qui est remarquable, c'est que les gens de l'ADMD mélangent les deux sans la moindre vergogne, et feignent de croire qu'il s'agit d'un droit unique, celui de « mourir dans la dignité ». Ce qui est également remarquable c'est leur obsession de vouloir que la mort, considérée comme une suprême liberté, soit à tout prix procurée par un autre ; mais si c'est un autre qui doit intervenir, alors il ne faut pas s'étonner qu'il ait son mot à dire, et du coup tout s'écroule ; ils sont d'ailleurs bien obligés d'admettre qu'il faut un avis médical ; ils se gardent bien de dire ce qui se passe quand l'avis est négatif ; et comment le pourraient-ils, puisque la liberté du candidat à la mort est posée comme absolue ?</p> <p>Je ne crois pas qu'il puisse exister un droit au suicide : le droit est ce qui permet aux humains de vivre ensemble, je doute qu'il puisse sans danger dire quoi que ce soit sur les humains qui, précisément, ne veulent plus vivre. Le droit n'a pas d'autre position que de se taire, ce qui n'est déjà pas si mal. Si le suicide a été décriminalisé, c'est largement parce qu'on se demande comment il pourrait bien faire respecter son interdiction : qui veut mourir n'a que faire des sanctions.</p> <p>Vous écrivez :</p> <p> <i>Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972 (et en 1810 en France), cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale.</i></p> <p>Je n'en suis pas si sûr : c'est l'incitation au suicide qui est réprimée, et elle constitue un délit indépendant, tout comme l'est l'incitation à la haine raciale.</p> <p>Et je crois qu'il est impossible à une société de rendre le suicide facile. Je crois que l'ordre public impose que le suicide soit un acte relativement complexe : nous savons tous que dans leur immense majorité les suicides sont des actes pathologiques, contre lesquels il faut lutter. J'ajoute pour ma part qu'on nous ment quand on nous raconte que les moyens d'un suicide confortable sont difficiles à trouver, il y faut simplement un peu de motivation. Il suffit de se promener dans un service d'urgences pour constater que la majorité des tentatives de suicide sont des appels à entendre, et que pour les autres les patients se manquent souvent de très peu : ils connaissent parfaitement les toxiques à utiliser, ils savent se les procurer, les doses sont souvent conséquentes, et l'échec résulte le plus souvent d'erreurs d'organisation. Ce qui est le plus surprenant, c'est que lorsqu'on demande aux militants du « doit de mourir dans la dignité » comment ils s'y prendraient pour eux-mêmes la réponse de loin la plus courante est qu'ils ne s'en sont pas préoccupés.</p> <p>J'ajoute enfin qu'il ne me semble pas aller de soi qu'on puisse se dire maître de sa vie. L'homme est un animal social, je dois ma vie et ce qu'elle est à mon entourage, et il ne m'est pas évident que je n'aie aucun compte à lui rendre.</p> <p>Alors, que faire ?</p> <p>À mon avis, rien. On ne peut pas légiférer sur le suicide, car cela n'aurait aucun sens. On ne peut pas davantage l'organiser, car ce serait trop dangereux. Nous sommes dans une de ces situations pour lesquelles il ne peut exister aucune solution institutionnelle, et qui le cas échéant doivent être examinées au cas par cas. Cela ne me dérange pas. Par contre il me semble capital de ne pas y mêler les professionnels de santé : on n'a nul besoin d'eux.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie ! 2010-07-12T17:51:16Z http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article76#comment3320 2010-07-12T17:51:16Z <p>OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !</p> <p>Au sujet de la différence entre l'euthanasie et l'aide au suicide, il faut distinguer entre les arguments juridiques, éthiques et religieux. On ne peut pas simplement affirmer sans nuance qu'il n'existe pas de différence entre les deux : dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui la retire. Il faut d'abord préciser sur quel terrain (juridique, éthique ou religieux) on tire notre argumentation. Si l'on se situe sur le terrain de l'éthique, on peut raisonnablement soutenir qu'il n'existe pas de différence. Cependant, si l'on se situe sur le terrain juridique, il existe toute une différence entre l'euthanasie (qualifié de meurtre au premier degré dont la peine minimale est l'emprisonnement à perpétuité) et l'aide au suicide (qui ne constitue pas un meurtre, ni un homicide et dont la peine maximale est de 14 ans d'emprisonnement). Dans le cas de l'aide au suicide, la cause de la mort est le suicide du patient et l'aide au suicide constitue d'une certaine manière une forme de complicité. Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972 (et en 1810 en France), cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale. Or le suicide (ou tentative de suicide) n'est plus une infraction depuis 1972. Donc il ne peut logiquement y avoir de complicité au suicide. Cette infraction de l'aide au suicide est donc un non-sens.</p> <p>En revanche, l'euthanasie volontaire est présentement considérée comme un meurtre au premier degré. Le médecin tue son patient (à sa demande) par compassion afin de soulager ses douleurs et souffrances. Il y a ici une transgression à l'un des principes éthiques et juridiques des plus fondamentaux à savoir l'interdiction de tuer ou de porter atteinte à la vie d'autrui. Nos sociétés démocratiques reposent sur le principe que nul ne peut retirer la vie à autrui. Le contrat social « a pour fin la conservation des contractants » et la protection de la vie a toujours fondé le tissu social. On a d'ailleurs aboli la peine de mort en 1976 (et en 1981 en France) ! Si l'euthanasie volontaire (à la demande du patient souffrant) peut, dans certaines circonstances, se justifier éthiquement, on ne peut, par raccourcit de l'esprit, conclure que l'euthanasie doit être légalisée ou décriminalisée. La légalisation ou la décriminalisation d'un acte exige la prise en compte des conséquences sociales que cette légalisation ou cette décriminalisation peut engendrer. Les indéniables risques d'abus (surtout pour les personnes faibles et vulnérables qui ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté) et les risques d'érosion de l'ethos social par la reconnaissance de cette pratique sont des facteurs qui doivent être pris en compte. Les risques de pente glissante de l'euthanasie volontaire (à la demande du patient apte) à l'euthanasie non volontaire (sans le consentement du patient inapte) ou involontaire (sans égard ou à l'encontre du consentement du patient apte) sont bien réels comme le confirme la Commission de réforme du droit au Canada qui affirme :</p> <p>« Il existe, tout d'abord, un danger réel que la procédure mise au point pour permettre de tuer ceux qui se sentent un fardeau pour eux-mêmes, ne soit détournée progressivement de son but premier,<br class="autobr" /> et ne serve aussi éventuellement à éliminer ceux qui sont un fardeau pour les autres ou pour la société. C'est là l'argument dit du doigt dans l'engrenage qui, pour être connu, n'en est pas moins réel. Il existe aussi le danger que, dans bien des cas, le consentement à l'euthanasie ne soit pas vraiment un acte parfaitement libre et volontaire »</p> <p>Eric Folot</p>